
Création 2025 // Festival d’Avignon à La Factory – Reprise à Paris au Théâtre de la Concorde
Chloé et Antoine s’aiment malgré leurs désaccords. Elle, militante écologiste, appelle à la désobéissance civile ; lui, devenu préfet, est chargé de maintenir l’ordre. Tout se complique lorsque Chloé projette une action sur la zone même qu’Antoine doit défendre. Aucun des deux ne veut renoncer, convaincu que la justice est de son côté. Mais comment tenir ensemble quand les règles ne font plus consensus ? Les réunions publiques, plateaux média et tribunaux deviennent l’arène du combat porté par cette Antigone d’aujourd’hui. Face à eux, ce ne sont plus des spectateurs mais des citoyens qui s’interrogent.
Un spectacle qui interroge la place de la conscience dans les choix individuels, et appelle à revitaliser l’engagement citoyen.
Texte et mise en scène Sébastien Bizeau
Avec Gwenaëlle Couzigou, Matthieu Le Goaster, Paul Martin et Nastassia Silve
Et avec la participation de Clément Pellerin et Margaux Wicart
Lumières Thomas Ruault
Décors Raphaël Guinamard
Costumes Claire Bigot
Création sonore Iris Lainé
Création vidéo Pierre Monchy
Illustration Pénélope Belzeaux
Coproduction Compagnie Hors du temps, Chasselaube Prod et Sésam’ Prod









Crédits photos : Cédric Vasnier – Kit média
★ PRIX COUP DE CŒUR DU CLUB DE LA PRESSE - FESTIVAL OFF 2025 ★
"Un moment de théâtre réjouissant et d'une brûlante actualité" La Provence
"Ce spectacle nous attrape, nous inclut. Impossible de décrocher !" L'Affiche
"L'intime vient se mêler au politique pour nous tenir en haleine" Reporterre
"Le spectacle nous emporte dans un entrain plein d'humour et une habile réflexion" La Terrasse
"Subtilement orchestré, selon les codes du théâtre immersif " L'œil d'Olivier
"Le théâtre engagé comme on aimerait en voir plus, c'est très fort" BAM Ticket
"Une pièce haletante, riche et intelligente autant que sensible" Radio Raje
"Une expérience théâtrale qu'il est nécessaire de vivre" Instants spectacles
"Un texte engagé, une réussite. Le coup de cœur OFF 2025 !" Le bruit du Off
"Un spectacle qui éveille et s’impose comme un temps fort du festival" Les Arts Liants
"Un théâtre engagé, qui devient espace de réflexion collective" Manithea
"Intelligent, rythmé, un théâtre citoyen qui bouscule et passionne" Avignon et moi
"Un spectacle participatif, et passionnant. Un bijou du festival !" Théâtrothèque
”Un spectacle vif, inventif, qui invite à réfléchir” Webtheatre
"Une pièce d'une superbe densité et intensité, quelle performance !" RegArts
"Le théâtre remplit sa mission d'être une tribune de débat, ça donne espoir !" Théâtre au vent
"Une écriture incisive, une mise en scène ciselée, on a adoré !" Baz'Art
"Le théâtre y retrouve sa fonction première : un miroir capable de réveiller" Le cœur et la plume
Note d'intention
Comment faire société si les lois de la cité ne font pas consensus ? Si elles se heurtent à des convictions antagonistes ? Peut-on réfuter une loi perçue comme illégitime au nom d’un impératif moral ? L’Histoire regorge de luttes ayant outrepassé le cadre établi afin de renverser des situations injustes. Et au-delà de ces grandes bascules historiques, j’ai la conviction que chacune et chacun est susceptible de se retrouver dans une situation de dissonance, et à devoir arbitrer entre ce qui semble juste et ce qui est de l'ordre du légal.
Ce conflit entre légitimité et légalité interroge nos consciences et ébranle nos collectifs. C’est particulièrement le cas avec le changement climatique : d’un côté, les militants se défient des institutions et appellent à la désobéissance civile ; de l’autre, les arsenaux législatifs se durcissent et les procès se multiplient. Une impasse se dessine, et avec elle avec le risque que de nouvelles oppositions sociétales surgissent. Et que ces divisions menacent notre capacité à faire République, faute d’avoir su tracer une voie commune.
M’est apparue en écho la figure d’Antigone défiant l’autorité de Créon pour offrir une sépulture à son frère, incarnée là par ces militants qui défendent la légitimité de leurs actions quelles qu’en soient la légalité et le risque. Sans me livrer à une stricte reprise de ce mythe, cette référence m’a apporté le recul nécessaire pour aborder ces enjeux sans que le propos ne soit prisonnier de l’actualité, ni qu’il ne s’agisse d’une tribune en faveur d’un camp ou d’un autre.
J’ai voulu que tous les points de vue soient défendus, de la même façon que Jean Anouilh avait veillé dans son Antigone à ce que chaque protagoniste puisse justifier ses actions et décisions. Des débats publics aux passes d’armes interpersonnelles, l’affrontement des volontés opposées des deux personnages clés est donné à voir sans manichéisme. Et tant la face publique que l’intimité de ces personnages mythiques est retranscrite sur scène. Le tout sous le regard des médias et commentateurs de tous ordres - le chœur des temps modernes.
La liberté prise à l’égard du mythe permet d’irriguer l’histoire d’enjeux et éléments de fiction nouveaux : et si ces deux héritiers d’Antigone et Créon étaient ici en couple, ajoutant à leur affrontement un déchirement intime tel celui de Titus et Bérénice ou d’Antoine et Cléopâtre, dont l’idylle vient se heurter aux impératifs du pouvoir ? Et si le détenteur du pouvoir politique songeait à abdiquer ? Et si celle qui avait renoncé à s’engager, Ismène dans le mythe, était la plus à même de dessiner une issue à cette tragédie des antagonismes ?
Cette création vise autant à se saisir du mythe qu’à le dépasser, et avec lui les idoles et figures héroïques qui seraient seules capables d’influer sur le cours des choses. Pour que l’éclat des combats individuels n’occulte pas la nécessité des mobilisations collectives. Pour que chacune et chacun, à défaut peut-être de se sentir l’âme d’une Antigone, puisse se projeter en une Ismène s’engageant dans la brèche ouverte par d’autres. Et pour appeler à se ressaisir de la chose publique, et écrire ensemble les règles du monde d’après.
Sébastien Bizeau
